1. |
Compost mortem
04:19
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Tant que j'aurai le cœur battant
Je veux accorder l'abondance
Avec l'entraide et le bon sens
Pour les poètes résistants
Qui jouent ensemble sur le temps
Des cerises et de la semence
Pour les anarchistes chantants
La famille et pourtant
Si ma dernière cabriole
Pourrit le chemin parcouru
À quoi ça sert d'avoir mouru
Si je déborde de formol ?
Si je suis pété au méthanol
Qui viendra me manger tout cru ?
Qui voudra me passer la fiole
À la casserole ?
Du carbone, de l'azote, de l'eau
Mais sous dix centimètres de marbre
Comment ça peut nourrir les arbres ?
Et je te parle même pas des corbeaux
Le sol me fera bien plus beau
Que toute leur chimie macabre
Dans les reflets blancs d'un ruisseau
Les bourgeons d'un rameau
Dites à ceux qui aimeraient brûler
Mon beau costume du dimanche
Ma dépouille entre quatre planches
Doublées de soie immaculée
Oui, lorsque j'aurai basculé
Dites à ceux que cela branche
De sur ma cendre spéculer
Oui ceux que cela branche
De sur ma cendre spéculer
Allez vous faire en…
Moi je voudrais bien que les pissenlits
Viennent me bouffer par la racine
Le plan que la nature dessine
Chaque seconde s'accomplit
Et même la blanche Ophélie
S'est délitée dans sa piscine
C'est pas sur la mélancolie
Que les vers se multiplient
Je veux un millier d'escargots
À l'enterrement de ma gueule morte
Des vers, des mouches, pis des cloportes
Bien à l'abri de mon gigot
Me foutez pas dans un frigo
Que les petits diables m'emportent
Qu'ils se partagent le magot
Les saligauds
Ne mettez pas mon corps sous clé
Dans un tiroir de la science
Si c'est une question d'impatience
À me voir enfin recyclé
Pour que la boucle soit bouclée
Rapidement, faites confiance
Aux petites bactéries musclées
D'un compost Berkeley
Laissez la terre me mastiquer
Mais si le spectacle vous rebute
Enterrez-moi dans une butte
Je prendrai soin de vos poquets
J'aurai du plaisir à claquer
Pour un jardinier qui débute
Tiens, est-ce que ça serait compliqué
De m'inoculer du shiitake ?
S'il faut me livrer aux charognards
Plutôt les vautours de Provence
Que les marchands de la souffrance
Les virtuoses du billard
Dites-leur bien à ces pillards
J'aimerais mieux remplir la panse
Du plus vilain des petits canards
Que lecul d'un corbillard
Allez change-moi en Prunus
Je porterai les fleurs moi-même
Composte-moi si tu m'aimes
Fais mon bonheur de détritus
Composte-moi si tu m'aimes
Intègre-moi dans ton système
Composte-moi si tu m'aimes
Composte-moi si tu m'aimes
Comme ton matou mortibus
Comme une courge qui se ressème
Ou comme un ticket d'autobus
Et terminus
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2. |
Fiatte Guano
05:09
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C'est la Fiatte Guano, la voiture qu'il te faut
C'est le tas de boue mignon où poussent les pigeons
La charrette qu'elle est chouette où fientent les mouettes
L'automobile qu'elle est belle où chient les tourterelles
C'est la caisse pas bien grosse où posent les albatros
C'est la bagnole trop cool à la peinture qui rouille
Sous tout ce qui roucoule et tout ce qui gazouille
C'est le tacot dégueulasse de caca de choucas
La trottinette crépie de pipi de pies
C'est la chiotte superstar, latrines de canards
Qui va clopin-clopant sous les cartouches des paons
La roulotte qui démonte
Enfin surtout si t'as pas honte
C'est le bahut ouh yeah, où se vident les poulets
La brouette trop classe où font les oies qui passent
C'est la vago yoghour où dégueulent les vautours
La chignole fertile, litière à volatiles
C'est la tire minus qui peut prendre le bus
C'est le veau en vrac qui fait rakatatakatatac
C'est la boîte à roulettes, pissoir aux alouettes
Le tas de ferraille qui grince, les cagoinces des pingouinces
C'est la conduite en kit aux durites qui se délitent
C'est le joujou trop chou, tu tomberas à genoux
Devant ce bijou
Le cagadou des hiboux
C'est la titine ca-arrée que souillent les hérons
La tuture chamarrée de coulures d'étrons
Va falloir une pelle, ah les emplumés
Dis donc c'est pas les ailes qu'ils se sont brûlées
C'est le teuf-teuf en fer, le teuf-teuf d'enfer
Qui vaut pas un radis, le ravant goût de paradis
La turvoi des anges, le saint-siège des mésanges
La poubelle des dieux à conduire sans les yeux
Oh la petite merveille où tu fais tout à l'oreille
Oui le wagonnet ruiné au pare-brise condamné
Mais quoi qu'il se passe
N'enclenche pas les essuie-glace
C'était la voiture de jardinière
Qu'a fini à la fourrière
La trapanelle en détresse
Qu'a fini à la presse
Le tape-cul de king
Abandonnée sur un parking
C'était ya plus de dix ans
Ça fait bizarre en le disant
C'était la Fiatte Guano, la voiture qu'il me faut
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3. |
La ballade de Robi
02:40
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Anna, ma douce
C'est la fin de la rengaine
Plus rien ne pousse
Le béton a tout kèn
J'entends les vers de terre qui toussent
I wanna couscous again
J'ai dit : Anna, ma belle, et toi, ça mousse ?
Elle a dit : moi ? Lichen !
Bon c'est vrai que c'est dommage
Voilà ce que ça donne quand les fous gèrent
Fini les forêts primaires, les orages
L'accordéon et la bière étrangère
Mais sur le dernier arbre crevé
Dans un cœur un peu zarbi
Y aura toujours nos prénoms gravés
Forever Anna & Robi
Anna, tu saignes
Et t'as les lèvres toutes bleues
Tes yeux s'éteignent
Dans un sourire mielleux
Elle a dit : c'est l'horreur qui règne
Mourir c'est plus simpleu
J'ai dit : Anna, ma belle, à part ça, ça baigne ?
Elle a dit : tiens, il pleut !
Mes pleurs et l'eau du ciel à l'unisson
Ont abreuvé mille graines en dormance
L'herbe a vécu pour nourrir un buisson
Les buissons pour des forêts immenses
Et sous les rejets d'un arbre même pas mort
Dans l'écorce un peu décrépie
Y a ce vieux cœur qui commémore
Forever Anna & Robi
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4. |
Les gens
02:41
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Ils sont conditionnés, déconnectés
N'achètent que d'la merde à bequ'ter
Télé, pognon, smartphone, voilà leur sainte trinité
Ils ont peur de tout ce qui est différent
Peur d'être eux-mêmes transparents
Moi je dirais surtout que c'est marrant
D'entendre les gens parler des gens alors que ben les gens c'est eux
Ouais mais quand même
Ils sont anesthésiés, endoctrinés
Tous leurs choix sont déterminés
Des têtes de bétail aux abattoirs acheminé
Qui sans mot dire ont baissé leur falzar
Les gens sont des gros lâches, faut croire
Moi je dirais seulement que c'est bizarre
D'entendre les gens parler des gens alors que ben les gens c'est eux
Mais les gens sont de drôles de p'tites bestioles
Avec l’ego pour seule boussole
Au diable les idées, du moment qu'ils ont la parole
Ils portent le malheur en auréole
Se brisent les reins pour des bricoles
Au diable le bonheur, du moment qu'ils ont la parole
Une grosse bagnole
Une mauvaise piaule
Une triste école, du shit, de l'alcool
Dix paires de grolles, la dernière console, un tour en gondole
Mais si tu veux savoir, y'en a ras l'bol
D'entendre les gens parler des gens alors que ben les gens c'est eux
Entendre les gens parler des gens, entendre les gens parler des gens
Et parler des gens qui parlent des gens alors que
Ben les gens c'est eux
Entendre les gens qui parlent des gens qui parlent des gens...
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5. |
Le côté passager
02:14
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Un diable nouveau me consume
Je renonce à le nier
Le regard pris dans le bitume
Le sourire un peu niais
Une lueur entre les pruniers
Glisse – enfin, je présume
Et son œil transperce la brume
« Puis-je t'accompagner ? »
J'ai déverrouillé la portière
Du côté passager
J'en souris ; j'accuse la bière
Mais ce n'est pas ça. J'ai
Bien déverrouillé la portière
Du côté passager
J'en souris ; dessous sa paupière
Je me suis encagé
J'ai beau nous diluer dans le nombre
Ce coquin de soleil
Embrase l'étang vert où sombrent
Mes heures de sommeil
À l'énigme de son réveil
Dans l'herbe et les décombres
Un pied s'aventure dans l'ombre
Pour trouver ses orteils
J'ai déverrouillé la portière
Du côté passager
Mais du fantôme la matière
N'attendait pas ça. J'ai
Tant supposé de sa carrière
Le côté passager
Mais du fantôme la matière
Ne me veut pas sage et
De sa présence familière
Le côté passager
Lève, pour dessous ma paupière
À jamais l'encager
Génie des airs et des silences
Impétueusement
Elle est la seule qui s'élance
Au bal des éléments
Puisqu'elle sait du firmament
Le moindre pas de danse
Le moindre – enfin, je pense
Pour le moment
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6. |
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Je vous ai prises, belles vagabondes
Naïvement
Pour un trésor et qui sans peine abonde
Infiniment
Je vous ai crues bonnes comme des fleurs
Bien de chez nous
Toutes aussi dignes de soins, de faveurs
Et de mots doux
Chaque printemps, perdais-je ma salive
Et tout mon verbe
Pour les bouquets de la peste invasive
La mauvaises herbe ?
Puisqu'à laisser le milieu retrouver
Son équilibre
On aime mieux tout laver, lessiver
À l'herbicide
Puisque la seule raison de s'unir
C'est l'adversaire
Allons ensemble éclairer l'avenir
De vaines guerres
Et si nos soldats dans la contre-offensive
Finissent imberbes
Le vrai cancer, c'est la plante invasive
La mauvaise herbe
Mais si les troncs et les branches qui flottent
Sur les rivières
Port' une foule de compatriotes
En pépinière
Est-ce qu'ils traversent sans aucun papier
Nos petits mondes
Et passent en douce des systèmes entiers
Chaque seconde ?
Est-ce qu'ils colorent en naviguant les rives
De fleurs superbes ?
Est-ce qu'ils propagent la plante invasive
La mauvaise herbe ?
On m'a conté que des milliers de graines
Prennent la mer
Et sur les plumes des oiseaux s'emmènent
Sans frontière
On m'a conté que les plantes voyagent
Sans redevance
Et qu'au mépris de nos enfantillages
Elles avancent
Si le patrimoine ça me laisse aux gencives
Un goût acerbe
Puis-je l'abandonner aux invasives
Aux mauvaises herbes ?
J'irai planter l'Herbe de la pampa
Et la Jussie
La Renouée du Japon, l'Acacia
Et l'Ambroisie
C'est sont vos peurs la seule peste aux dérives
Qui nous emmerdent
Liberté pour les plantes invasives
La mauvaise herbe
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7. |
C'est qu'un rêve
04:00
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Les chats bien gras de la finance
De l'armement, pis de la chimie
T'enchaînent à leur convenance
Pour ce qu'on appelle l'économie
Les gros chats dansent
Dans les palais de l'infamie
Qui deviendront, ça c'est admis
Leurs résidences
Furieux de leur incontinence
Les assassins du vieux Jimmy
Crachent d'immondes ordonnances
Sur toi, misérable fourmi
Sous assistance
Ravie de ton alcoolémie
De ton football, ton salami
Ta provenance
Mais c'est qu'un rêve, bonhomme
Sans importance
C'est qu'un rêve, allez, et tu frémis
C'est qu'un rêve, bonhomme
C'est l'évidence
C'est qu'un rêve, tu t'étais endormi
Tu vis tes fables à distance
Tous les jours, dès cinq heures et demi
Tu te passionnes des confidences
D'un tas de cruches à Miami
La redondance
Des grèves, des guerres, des tsunamis
Ça te secoue l'anatomie
Quelle décadence !
Tu laisses œuvrer pour ta pitance
Les docteurs ès agronomie
Et tu t'écris : coïncidence !
Quand crève d'une leucémie
Ta descendance
Alors tu blâmes et tu vomis
Pour cet odieux crime commis
La providence
Mais c'est qu'un rêve, bonhomme
Une résonance
C'est qu'un rêve, allez c'est promis
C'est qu'un rêve, bonhomme
C'est l'évidence
C'est qu'un rêve, tu t'étais endormi
Ceux pour qui l'unique cadence
Des marchands de lobotomie
N'inspirent que la dissidence
Ceux qui chantent l'épidémie
De résistance
Ça t'a plus vraiment l'air permis
Leurs grandes idées, leurs petits semis
Leur existence
Au bout de mille rouspétances
Ils ont fait mille compromis
Et puis à force de prudence
Tu les as vus vite remis
Dans la tendance
Leur utopie au tatami
Pliés comme un origami
Aux éminences
Mais c'est qu'un rêve, bonhomme
Sans importance
C'était qu'un rêve, bon retour parmi
Les faiseurs autonomes
D'abondance
Il est pas près d'être mort Jimmy !
C'est des histoires, bonhomme,
La présidence
Et Monsanto, Nestlé, le FMI
On est bien loin, ici
De leurs sentences
La nature seule nous aura soumis
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8. |
Le jardin du Grand Jas
03:19
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Devant l'entrée du jardin du Grand Jas
Y a quatre places de bagnoles, c'est déjà passionnant
Faut les voir les marioles se garer n'importe comment
Y sont même pas rentrés qu'ils nous piétinent déjà
Le plantain, la renouée, comme si ça se mangeait pas
Y a un panneau d'enfer qui crée des jalousies
Pis une remorque en fer qu'attend l'euthanasie
Bon d'accord y a pas d'ombre et les taons nous enquiquinent
Mais on va pas faire trois plombes, c'est seulement le parkine
Oh putain ce qu'il est classe
Le jardin du Grand Jas
Où les oiseaux ramassent
Des prunes orangeasses
A l'entrée du jardin du Grand Jas
La nature se débrouille, on est que de passage
Pour té-ma les grenouilles dans leur petit marécage
Le chiendent, la cardère ont laissé tout l'azote
À la belle salicaire, l'épilobe et la carotte
Pendant que la forêt kiquillement s'installe
On prend le temps d'admirer les successions végétales
L'entretien, c'est facile et c'est pas contraignant
À La Graine Indocile, c'est vraiment des feignants
Au milieu du jardin du Grand Jas
Y a des buttes et des bottes où des bébêtes habitent
La plupart c'est nos potes et puis les autres aussite
On nourrit les fourmis, les limaces et les rats
Tous les nuisibles hormis les ingénieurs de l'INRA
Il faut bien l'avouer, c'est le jardin des trésors
C'est comme l'arche de Noé, mais sans les dinosaures
Il faut visualiser que ça deviendra un jour
Un peu comme l'Élysée, ouais mais sans les vautours
Y a aussi, au jardin du Grand Jas
Un rocket en basket, un coq un peu matinal
Un hôtel à insectes (mais ça, ça sert à que dalle)
Y a des plantes rarissimes qu'on trouve un peu partout
Et des voisins unanimes pour dire qu'on fait rien du tout
Mais quand vient la saison des tentes Quechua
On se dit qu'on a raison, qu'on a fait le bon chua
Parce qu'avec ces gens-là, monsieur... c'est l'éclate permanente
Et tant pis pour Frida qui était sur liste d'attente
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9. |
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Streaming and Download help
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